Bilan et résultats des chantiers Blongios à Colembert

Par Sébastien Mézière, du PNR Caps et Marais d'Opale

Présentation

Le site de Colembert, aussi appelé communal de la Warenne, accueille depuis plus de 10 ans une dynamique forte de chantier nature de bénévoles et de groupes constitués. C’est un site emblématique du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale, grâce notamment à un spectaculaire point panoramique situé en haut du mont Dauphin, l’un des rares sommets dépassant les 200m d’altitude dans le Boulonnais.

Depuis 2010, ce sont près de 40 chantiers nature de bénévoles qui y ont été organisés. Nombre d’entre eux l’ont été grâce à l’association les Blongios (25 environ), tandis le Parc, dans le cadre de partenariats locaux a pu en encadrer également en direct. On estime aujourd’hui à environ un millier le nombre de volontaires qui ont pu se succéder ces 10 dernières années.

Après des travaux lourds de restauration les premières années réalisés dans le cadre de chantier d’insertion, le chantier nature est devenu progressivement le premier levier pour la mise en œuvre du plan de gestion du site. En cela, ce terrain communal est fortement imprégné par une dynamique écocitoyenne, multi-générationnelle, notamment via l’implication de l’association PEPS (Partager Ensemble les Projets des Seniors) qui chaque année s’associe, en Novembre, aux bénévoles Blongios.

Les résultats

Les travaux ont ciblé majoritairement des actions réalisables en chantier nature par des méthodes douces de gestion avec des outils manuels.

Depuis plusieurs années 3 grands secteurs concentrent les opérations pour une surface d’environ 2500 m².

Deux d’entre elles correspondent aux zones d’exposition les plus favorables du coteau, en orientation plein sud. Après d’importants travaux de réouverture, l’objectif des chantiers vise désormais à accompagner la formation progressive de pelouses calcicoles dont les rythmes naturels imposent une formation lente mais bien visible année après année. Le pâturage largement favorisé par ces chantiers, consolide la formation de ces milieux patrimoniaux en contenant les reprises ligneuses et en contribuant à la dispersion de graines en provenance des zones les mieux conservées.

Sur ces deux zones on a ainsi pu constater la réapparition progressive d’orchidées telles que Orchis mascula ou Dactylorhiza fuschii (protégées) ou encore Platanthera chloranta et Neottia ovata.

Sur ces deux zones l’objectif secondaire de ces chantiers vise à conforter un effet de lisière en situation thermophile afin d’améliorer les continuités écologiques favorables aux déplacements de l’entomofaune entre 2 grandes zones de pelouses séparées par un écran boisé.

Depuis 3 à 4 ans, les résultats sont notables à la faveur de quelques suivis effectués par le Parc sur les papillons de jour.

En effet, les lisières créées sous forme de couloirs particulièrement bien exposés montrent une utilisation privilégiée par les papillons de jour, en particulier en début de printemps, au cours de  comportements clairs de transit. Les comptages sont encourageants avec une moyenne, en conditions favorables, de 5 à 6 papillons par minute en des jours comptant en général encore peu d’espèce en activité.

A noter qu’une attention sera portée progressivement sur les pollinisateurs sauvages et certaines espèces cleptoparisites (nomadas) afin d’ajuster la gestion de ces lisières par la constitution de fourrés de ronciers particulièrement nectarifères au milieu de l’été.

Enfin, en 2020, il est intéressant de signaler l’apparition de la Pulicaire dysentérique en bas de pente sur les lisères confortées. La présence de cette plante sans réelle valeur patrimoniale (au sens de la rareté), est intéressante en raison de son affinité plutôt liée aux zones humides qui en fait ici un marqueur particulier. En effet, les coteaux du boulonnais possèdent une caractéristique, souvent qualifiée d’endémique, qui fait qu’à leur base s’agglomère parfois une imbrication originale de calcaires et de marnes argileuses. Ce mélange a conduit les spécialistes à qualifier certains de ces cortèges végétaux, particulièrement rares, sous l’intitulé de prairies marnicoles

Or, sur le communal de Colembert des données historiques mentionnent ainsi des données d’autres espèces d’affinités humides telle que la Parnassie des marais au nom particulièrement évocateur et très orignal pour un coteau calcaire.

Si la parnassie n’a jamais été retrouvée depuis que la gestion du coteau à été confiée au Parc, la Pulicaire offre, elle, une première information intéressante sur la tendance évolutive qui se dessine sur les secteurs bas du coteau. En effet il semble se dessiner progressivement une tendance tirant vers ces affinités marnicoles ce qui renforcerait considérablement l’intérêt de ce terrain communal.

Par l’ajustement très fin que permettent les chantiers nature au travers d’opérations de « haute couture » de la gestion d’un site, il s’entretient donc année après année l’espoir de revoir des végétations très originales réapparaître  à la faveur des équilibres qui se mettent en place sous l’effet combiné des travaux et du pâturage.

 

Florence

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