La Voix du Nord parle des Blongios et de l'éco-volontariat

Les Blongios organisent régulièrement des chantiers d’éco-volontariat dans les Hauts-de-France. PHOTO PATRICK JAMES
Les Blongios organisent régulièrement des chantiers d’éco-volontariat dans les Hauts-de-France. PHOTO PATRICK JAMES

Chantiers nature - Ils offrent leur temps pour l’environnement

Les chantiers nature ont la cote. En particulier à l’étranger. Dans le Nord – Pas-de-Calais, quelques rares associations en proposent aussi. Rencontre avec ces bénévoles qui acceptent d’offrir leur temps pour l’environnement, quitte à se retrousser les manches durant une journée ou un week-end.

Des effluves de menthe aquatique. Celles de la terre humide. Et la douceur d’un soleil matinal. Participer à un chantier d’éco-volontariat, c’est d’abord éveiller ses sens. Dissimulées par les hautes herbes de l’espace naturel sensible (ENS) de Chabaud-Latour, à Condé-sur-l’Escaut, une vingtaine de personnes s’affairent, bêches et faux à la main. Emmanuelle, pull enroulé autour de la taille et bottes en caoutchouc, briefe les bénévoles sur les outils. «  Après, c’est de l’autogestion  », lance-t-elle en creusant. Objectif de la mission : l’étrépage du marais. «  On creuse des carrés d’une vingtaine de centimètres pour permettre aux graines des espèces pionnières, comme les orchidées, de remonter à la surface et de pousser  », explique Quentin.

Certains bénévoles, des habitués, sont rodés. En moins d’une heure, les carrés se dessinent. Un minuscule batracien apparaît. «  Une grenouille verte  » aussitôt identifiée par Emmanuelle. Amatrice de grand air, la coordinatrice s’est lancée dans les chantiers nature en 2014 en adhérant aux Blongios, une association d’éco-volontariat qui opère dans les Hauts-de-France. Création de mares, construction de berges pour martins-pêcheurs, taillage d’arbres… Cette Lilloise de 37 ans essaye de participer à une mission par mois. «  Au-delà de l’écologie, c’est le côté relationnel que je recherche. »

Entre deux coups de bêche, les mottes de terre fusent dans l’air. Les blagues aussi. «  Et encore, il n’y a pas de boue ! » s’exclame la coordinatrice. Amandine, une policière de 25 ans, s’esclaffe. «  Je suis là pour la convivialité. Si c’est juste pour faire un chantier, je peux le faire chez moi.  »

Les Blongios comptent aujourd’hui 300 adhérents. Même si à chaque chantier, de nouvelles têtes apparaissent, l’effectif reste stable. «  Certains participants n’ont jamais jardiné. On est là aussi pour leur apprendre à utiliser des outils et à reconnaître la faune et la flore  », souligne Emmanuelle.

Najat est l’une de ces débutantes. «  C’est la première fois que je tiens une bêche  », reconnaît-elle. Elle aussi est Lilloise. Et attachée au milieu associatif. Après un passage par Emmaüs, elle a décidé de pousser la porte de la Maison de l’environnement. «  J’avais un besoin d’utilité et l’envie de contribuer à la préservation de la nature.  » Alexandre, lui, débute un master à l’université Catholique à Lille en septembre. À 34 ans, il se rêve chercheur dans la biodiversité. «  J’ai fait des chantiers pendant dix ans en Pologne. Celui-ci me servira pour mes études. Je vais le suivre et en mesurer les résultats. » Lui aussi participe pour la première fois à une mission des Blongios. «  Quand on a besoin de nature, on arrive facilement à passer du temps ensemble. C’est pareil partout en Europe. »

Sensibiliser avant tout

Les Blongios, Eden 62, le Conservatoire botanique national de Bailleul... Les organismes et associations qui programment des chantiers nature dans la région sont encore peu nombreux. Alors que l’éco-volontariat séduit de plus en plus à travers le monde, la région peine à attirer les bénévoles. La majeure partie des volontaires qui s’y inscrivent ont «  entre 25 et 40 ans  », estime Florence Joly, chargée de vie associative chez Les Blongios. Et leur nombre «  reste assez stable  ». En 2016, près de 600 personnes ont participé à la quarantaine de chantiers organisés dans les Hauts-de-France par cette association. Eden 62 a attiré de son côté une quinzaine de participants, pour « 5-6 » chantiers. Le Conservatoire botanique n’organise qu’un chantier annuel. Avec le même nombre de volontaires.

Christophe Turpin, chargé de mission éducation à l’environnement pour Eden 62, l’explique par la «  durée des chantiers  » proposés. L’organisme programme essentiellement des missions courtes, à la demi-journée. Des coupes de plantes invasives et du nettoyage de littoral. « C’est plutôt régional, et ça attire surtout des gens dans un rayon de 50 kilomètres », précise Christophe Turpin. Une tendance qui rejoint celle évoquée par Les Blongios.

Mais ces courts chantiers, que souvent les gardes nature peuvent effectuer eux-mêmes, n’ont pas uniquement un but d’utilité. « L’objectif, c’est de sensibiliser  », explique Christophe Turpin. «  Quel est l’intérêt de retirer une espèce invasive? Qu’est-ce que ça va engendrer? On espère que les gens en repartent avec le sentiment d’avoir aidé, tout en ayant appris à comprendre la nature.  »

Les chantiers dans le Nord – Pas-de-Calais

- Eden 62 organise dimanche 24 septembre un nettoyage de plage sur les Dunes du Mont-Saint-Frieux, près de Neufchâtel-Hardelot. Renseignements au 03 21 32 13 74.

- Les Blongios mènent le 6 septembre une mission de comptage de libellules au Parc de la Citadelle, à Lille. Inscriptions au 03 20 53 98 85.

- Le Conservatoire botanique de Bailleul prépare un chantier de plantation à l’occasion du Festival des forêts. Plus d’informations à venir. Renseignements au 03 28 49 00 83.

 

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La Voix du Nord - Par Aude Deraedt | Publié le 27/08/2017

Céline

Chargée de communication et d'administration

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