Chantiers "récupérateur de cadavres" !

la fameuse éolienne
la fameuse éolienne

Les marais du Vigueirat ont vu la construction d'une structure pour le moins étrange lors des chantiers de Pâques et d'été derniers. Les fonctions de cette structure sont tout autant intrigantes car elle fut rebaptisée « récupérateur de cadavres » par les bénévoles. Après cette introduction sensationnaliste, reste à expliquer les tenants et aboutissants de cette thématique de chantier hors du commun.

À l'origine, il y a l'association des Amis des Marais du Vigueirat, gestionnaire des Marais du Vigueirat, site appartenant au Conservatoire du littoral, situé entre le Delta du Rhône et la plaine steppique de Crau, et qui accueille la moitié des espèces d'oiseaux visibles en France, ainsi que de nombreuses espèces de plantes, d'insectes et de vertébrés (la majorité du site est même classée en réserve naturelle nationale).

En plus de son rôle de gestionnaire d’espace naturel, l'association est très impliquée dans les démarches de développement durable et d'énergies renouvelables. Parmi ce qui a déjà été réalisé, on peut noter les panneaux photovoltaïques, l’utilisation d’une chaudière au bois, les chauffe-eaux solaires, la récupération d'eau de pluie, le lagunage des eaux usées... et leur projet de production d'électricité éolienne avec pour objectif de couvrir leurs besoins en énergie électrique.

Une éolienne de taille moyenne est donc installée dans la réserve en 2009 mais, en raison du caractère sensible du site, une étude doit être réalisée pour mesurer son impact. Le rôle du récupérateur est de diminuer l’effet de sous-estimation habituel dans les études de la mortalité éolienne (les animaux nécrophages étant souvent plus rapides que l’homme pour détecter les cadavres !)... Ainsi est né le projet plus officiellement et sobrement appelé « système de mesure de l'impact d'une éolienne sur l'avifaune et les chiroptères ».

La structure en chiffres : un octogone de 50m de diamètre (soit 2000 m² au sol), composée de 320 poteaux en bois au sommet desquels sont tendus 1500 mètres de câbles qui portent 88 filets en entonnoir, 150 mètres de grillage et tôles métalliques sur sa circonférence, et des disques anti-rongeurs pour lutter contre la prédation des cadavres... car oui, dans un espace naturel, un oiseau mort a une durée de « vie » très restreinte au milieu des rapaces, sangliers, renards, corvidés et autres redoutables lapins-garous.

Le récupérateur a pour vocation d'être démonté dans 5 ans. Durant cette période, les gardes du site passeront pour recenser les éventuels oiseaux ou chauves-souris entrés en collision avec les pales. L'avantage de cette structure est qu'elle permet une étude qualitative et quantitative. On pourra savoir non seulement combien d'oiseaux se font prendre, à quelle période, avec quelles conditions météo, mais aussi de quelles espèces il s'agit et à quelle distance de l'éolienne ils tombent.

C'est Alain Vanderbecken (« Monsieur Platelage », à qui l'on doit de nombreuses installations aux Marais du Vigueirat) qui a conçu les plans de cette merveille d’architecture contemporaine. Il est retourné en Camargue pour finaliser le montage de la structure pendant les vacances de Toussaint, et nous a informé que l’éolienne a effectué ses premiers tours de pales le 21 novembre à 11h, mais elle sera réellement mise en route en janvier 2014.

Voilà, vous savez tout, il me reste à terminer sur un jeu de mot vaseux et souhaiter aux Marais du Vigueirat d'avoir le vent en poupe !

Merci à Leïla pour les renseignements et corrections !

Benoît

Bénévole et administrateur

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